
On est en août 1991 quand, en train de me prélasser et profiter du cadre incroyable du lac Maninjau à Sumatra, je suis abordé par Ucok, un guide local de trek plein d’enthousiasme et d’énergie.
Alors il me propose simplement d’aller sur une des îles Mentawai, nommée Siberut, îles qui se trouvent à une centaine de kilomètres au large de la ville de Padang (capitale de l’Ouest-Sumatra). Non loin du lac, nous prenons un bus vers Padang, où nous rencontrons le groupe. S’en suit le transfert en bateau vers l’archipel Mentawai pour y faire un trek d’immersion de 14 jours. Ok!!??.. et quel est le motif valable d’aller aussi loin hors des sentiers battus et de la Civilisation ?? Il m’explique et porte alors à ma connaissance l’existence des Homme-Fleurs, un groupe ethnique originaire des îles (ou archipel) Mentawai ; ils vivent reclus et en autarcie totale sur leur île depuis la période post-néolithique, c’est à dire environ 6000-ans ou plus !!



Siberut, île principale de l’archipel, offre une baie profonde à Muara-Siberut ce qui permet aux bateaux d’accoster et d’y trouver, sur place, les seuls quelques magasins, hébergements ou commerces pour y faire les dernières provisions avant de s’enfoncer dans la forêt. Traversée de toute part par des rivières, canaux et cours d’eau navigables à la saison des pluies, ceux-ci ne permettent qu’une exploration partielle pendant l’été ou saison sèche; le reste se faisant alors à pied. Cette forêt, à cette époque donc, se trouve dans un état de conservation assez exceptionnel ou par exemple 9 espèces de singes endémiques à l’île circulent librement à travers la cimes des arbres! Elle est aussi la source de leur alimentation évidemment, d’où est extrait le « Sagu », un féculent à la base du menu du jour, issu de l’extraction d’un palmier bien typique et convoité: Le Sagoutier.



Les premiers quelques touristes commencent à visiter ce petit paradis perdu ou oublié depuis 1989 seulement, et lors de mon passage, nous étions 11 touristes au total à se retrouver en trek sur l’île, et seulement quelques centaines depuis l’ouverture du tourisme.




Les photos incitent au voyage, c’est sûr. Elle ont été quasiment toutes prises alors que, dès 1998, le tourisme se développe et j’y amène cette fois-ci, accompagné de guides locaux, des groupes de touristes de Suisse ou de France, ceci jusqu’en 2005. Certaines on été scannées et datent des premières visites, bien avant l’ère digitale évidemment.



Les rencontres, leur sagesse infuse, une vie sociale bien définie et préservée ou chaque individu à son rôle, ce soucis de ne pas peser sur l’environnement mais se fondre dans le décor, laisser et transmettre leur Terre aux descendants etc. Toutes ces valeurs, aussi simple soient-elles, sont méticuleusement gardées sous la haute protection des Shamans qui ont un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de l’organisation sociale. Mariages, célébrations, rituels ou rîtes, parties de chasse, rencontre entre différents « Uma » (ou village), éducation des jeunes ou des jeunes filles : toutes ces composantes essentielles de la vie active sont détenues et transmises des mains de leurs sorciers, qui, eux aussi et comme nos ministres en occident, jouissent d’une immunité au sein du groupe et sont indissociables du bon fonctionnement d’une « Uma ».



Il y aurait tant et tant à dire et raconter, mais que dire?? Les époques se succèdent et changent à une telle vitesse qu’il faut constamment y retourner, ou y vivre, pour pouvoir apporter un jugement un minimum crédible, ou impartial; à un mode de vie quasi à l’opposé du notre et qui. lui aussi, à l’écart et en silence, continue à colorier ou égayer une planète parfois bien grise. Je vous mets en guise de conclusion quelques transes, rituels animés, de personnes qui m’ont fait vivre et à qui je dois beaucoup en terme d’humanité, d’humilité et de résilience; sans oublier biensûr cette « tenaga dalam » (ou « force intérieure » en français). Enjoy the ride!


